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Historique

2. LA RECONSTITUTION

L. LALIMAN: Propose le GREFFAGE en 1869

Au Congrès de Viticole de Beaune en novembre 1869, L. Laliman vigneron et collectionneur bordelais, a proposé le greffage comme réponse au mal. Il avait en effet déjà expérimenté la technique pour lutter contre l'oïdium dès 1959 : "Par la greffe de nos vignes appliquées sur des souches d'Amérique, nous arriverons à combattre vigoureusement l'oïdium. Ni oïdium, ni vermine ne sont à craindre avec les cépages américains, qui seront un jour la poule aux œufs d'or de nos vignerons". Si ses pronostics ambitieux n'étaient pas totalement fondés, il n'y a nul doute que le génial L. Laliman mérite la reconnaissance de la population des "américanistes", bien qu'il fut plagié, après avoir été excommunié (on a prétendu à tort qu’il avait introduit le Phylloxéra).

G. BAZILLE: Paternité de l'idée du greffage?

G. Bazille s’est attribué la paternité de l’idée du greffage pour solder le conflit avec le puceron ennemi. Ce courant était soutenu par de scientifiques et praticiens passionnés, dont Victor Pulliat, qui milita ardemment, par des conférences et des cours, pour le greffage sur porte-greffes résistants, pour renouveler le vignoble ravagé par l'insecte. Ainsi naquit le courant appelé "américaniste" et un mouvement viticole tout à fait unique et immense par son envergure, que l’on a appelé la Reconstitution.  

 

L'avantage incontestable du greffage? Il est généralisable.

Cette méthode de lutte contre le Phylloxéra avait l'immense avantage, à la différence des précédentes, d'être absolument généralisable à l'ensemble des vignobles, et accessible aux humbles viticulteurs. Ainsi les politiques favorisèrent cette solution confortable à court terme.

Des écoles de greffage furent créées, et de nombreux vignerons s'initièrent à cette pratique d'accès facile.

1. LA QUERELLE ENTRE SULFURISTES ET AMERICANISTES

Pour combattre cet insecte, les chercheurs et professionnels du secteur, en Amérique et en  Europe proposèrent de nombreuses solutions, parfois tout à fait fantaisistes.

Trois courant dominaient.

Celui de l'hybridation, par croisement de variétés européennes (fruits qualitatifs) et américaines (racines résistantes), était vue comme la solution de l'avenir. Mais plusieurs décennies étaient nécessaires à l'obtention de variétés nouvelles. Aussi ce courant était-il en retrait des querelles.

Par contre, une véritable guerre idéologique enflamma les débats, entre les sulfuristes et les américanistes.

Ctte guerre idéologique et technique a opposé deux conceptions de la viticulture. Les « américanistes » prônaient le greffage systématique des variétés européennes sur des porte-greffes naturellement immunisés et résistants au puceron, tandis que les sulfuristes voulaient absolument préserver les vignes anciennes, et empêcher la dénaturation des vins, en luttant par tous les moyens contre le puceron, grâce à la submersion, l’exploitation des terrains sableux, et la chimie (sulfure de carbone et sulfocarbonate de potassium). Or, ces techniques étaient fort couteuses et peu généralisables.

Aujourd’hui, le terme « sulfuriste » ou « sulfateur » est péjoratif  mais, il ne faut pas se leurrer, l’écologie n’était pas la motivation des débats de l’époque, dans aucun des deux courants. Il ne faut pas oublier que ce sont les américanistes (Ravaz, PAV 1919, qui on prôné l’emploi des produits arsénicaux pour lutter contre les pyrales et les vers parasites de la vigne). Le problème était exclusivement économique.

Parfois, on combinait les différentes techniques sur la même exploitation viticole. Les politiques s'en mêlèrent et, même empreints de courtoisie, des débats acharnés déchirèrent pendant deux décennies, les partisans des deux "écoles" dans les colloques, des revues, des associations et groupements de viticulteurs. Pour les "sulfuristes" les plus célèbres représentants étaient souvent des vignerons exemplaires qui ne voulaient pas voir dépérir leur vignobles les plus qualitatifs. Parmi les américanistes, étaient les noms connus de la découverte du fléau phylloxérique : L. Laliman, G. Bazille, F. Sahut, J. Lichtenstein, J.E. Planchon, L. Vialla, V. Pulliat, souvent des représentants des Facultés et Universités de Montpellier, ou de sociétés savantes, scientistes par nature, et souvent ambitieux carriéristes ou politiques.

En France, à Beaune, en 1869, le greffage fut proposé comme la meilleure solution à mettre en œuvre; cette décision fut vivement encouragée par les politiques.

Ce courant "américaniste": Bazille, Laliman, Pulliat (Beaujolais) s'amplifia, appuyé par des conférences, publications et des cours de greffage.

Cette méthode avait le grand bénéfice d’être facilement généralisable. Ainsi des écoles de greffage furent créées.

LE BOTANISTE LUCIEN DANIEL

C'est dans le contexte des disputes entre américanistes et sulfuristes que l'éminent botaniste de l'Université de Rennes, Lucien Daniel, lui-même greffeur expérimenté dans les domaines horticoles, a été missionné par le Gouvernement français en 1903, afin d'évaluer l'impact du greffage de la vigne lors de la reconstitution.

 

L. Daniel a été classé dans la catégorie des « sulfuristes », car on ne peut pas s’empêcher de catégoriser les gens selon les clivages existants, mais ce fut sans doute à tort. En effet, s'il s'est opposé aux américanistes, ce n'était pas sur le fond, mais sur la forme.

 

Il a surtout mis en cause la façon dont le greffage a été immédiatement généralisé à l'entièreté du vignoble.

 

Ses recommandations éprouvées dans d'autres domaines agronomiques, étaient qu'il fallait expérimenter les assemblages "greffon / porte-greffe" au cas par cas, et en évaluer la viabilité avant de décider de sa généralisation. Il l'a tenu la même position vis-à-vis de la vigne et du Phylloxéra. L. Daniel fut relevé de cette fonction en 1908, davantage pour motifs politiques et idéologiques que techniques.

Il est bien dommage que cet éminent greffeur, tel Cassandre, n’ait pas été écouté car, il n’était pas du tout contre le greffage des vignes, bien au contraire, mais mettait en garde contre sa généralisation désordonnée. Il a alors pronostiqué de nombreux maux de la viticulture moderne (Voir par ailleurs : Problématique - Les vignobles contemporains).

 "N'a-t-on pas vu chez nous en  Bourgogne, dans certaines vignes provignées, qui avaient cinq à six cent ans de plantation, les souches parcourir sous terre des distances énormes, plusieurs centaines de toises peut-être, et cependant, n'offrir jamais à l'observateur superficiel que des ceps de dix, douze, quinze ans d'âge au plus…"

M.Bosc"Cours complet d'Agriculture"  (dirigé par l’Abbé Rozier); 1822

« C’est de la perfection des soudures que dépendent surtout la vigueur et la longévité des vignes greffées. […]

On cherche souvent la cause du dépérissement de beaucoup de ceps dans des phénomènes plus ou moins caractérisés, alors qu’elle réside simplement dans une mauvaise soudure »

Baptiste Drouhault

La Revue de Viticulture, 1895.

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